Structure du modèle
Le modèle FHP est construit sur un réseau régulier hexagonal, à deux
dimensions. Il décrit l'évolution d'une population de particules
élementaires, toutes semblables, dont les déplacements sont contraints
par ce réseau. Pour chaque particule,
il existe 7 états possibles : une vitesse unitaire orientée
dans l'une des 6 directions isotropes du réseau hexagonal,
soit avec
ou une
vitesse nulle . Comme dans un automate cellulaire,
nous utiliserons par la suite le terme de cellule pour désigner
chacune de ces vitesses possibles . Tout noeud du réseau est ainsi
constitué de 7 cellules. Dans un Gaz sur Réseau, la règle qui
impose que chaque cellule contienne au plus une particule s'applique
sous l'appellation de principe d'exclusion. Comme les cellules
sont liées aux directions de déplacement, au plus une particule peut
se déplacer d'un noeud du réseau vers un noeud précis de son voisinage
immédiat, noté , où la direction
est fixée.
Opérateurs de transformation : cycle élémentaire
D'une part, à chaque pas de temps élémentaire (ou itération),
toutes les particules en mouvement se déplacent vers le noeud
voisin le plus proche dans la direction associée à leur
vitesse , ce qui définit l'action d'un opérateur local
de translation .
D'autre part, un opérateur local de collision
va traiter des interactions entre particules
localisées en un même noeud du réseau. Des règles de collision
microdynamiques vont ainsi redistribuer les vitesses des
particules à chaque itération en respectant les contraintes
de conservation de la masse totale - donc du nombre de particules - et
de la quantité de mouvement en chaque noeud. L'opérateur
réalise une diffusion isotrope des particules, à condition
que leur densité soit suffisante pour engendrer des collisions.
Il s'agit d'un opérateur "naturellement" aléatoire : lorsque
différentes configurations sont possibles pour la redistribution des
vitesses, un tirage aléatoire équi-probable est effectué.
Toute particule d'un gaz sur réseau peut jouer le rôle de
marcheur aléatoire, auquel est applicable la théorie introduite
au chapitre précédent (2.2) pour l'estimation des coefficients
de diffusion.
Comme l'illustre la Figure II-7, un cycle d'évolution du système consiste
en la composition des opérateurs de translation et de collision entre
particules, soit . Le choix de règles de collisions
spécifiques détermine la viscosité du fluide ainsi modélisé;
nous donnons les règles précises du modèle FHP-III sur la
Figure II-8. Ces règles sont enregistrées dans une look-up
table, qui utilise la configuration binaire d'un noeud avant collision
comme clé d'entrée.
Conditions aux limites
Le traitement des conditions aux limites est également local,
donc à un niveau microscopique. En particulier, les particules qui
rencontrent un obstacle subissent un rebond élastique en remplacement
des règles de collision déjà évoquées. Il en résulte qu'une
carte des obstacles est introduite dans le modèle en tant qu'image
binaire. Plus précisément, un obstacle est caractérisé par sa frontière,
constituée par les sites du réseau où le sens de déplacement des particules
est inversé au contact de l'obstacle. La définition de telles frontières
suffit à conserver les particules à l'extérieur des obstacles.
Dans ces conditions, la morphologie des obstacles est
évidemment quelconque: nous ne manquerons pas d'exploiter cet atout majeur
des gaz sur réseau. Par ailleurs, des conditions périodiques sont fréquemment
imposées aux bords du champ de simulation, ce qui engendre un espace
de topologie torique.
Hydrodynamique
Il a été démontré qu'à l'échelle macroscopique,
les vitesses de ce fluide respectent les équations de Navier-Stockes
dans la limite d'incompressibilité [Frisch86].
A deux dimensions, ce point se vérifie pour tous les Gaz sur Réseau construits sur des
réseaux hexagonaux, soient les modèles FHP.
Pour illustrer la nature hydrodynamique du modèle FHP, nous avons reproduit l'expérience d'un écoulement perturbé par une plaque mince. Sur la Figure II-9, on observera nettement les tourbillons qui sont apparus spontanément à l'arrière de l'obstacle. Il s'agit en quelque sorte d'une auto-organisation du transport des particules : des structures macroscopiques apparaissent à partir de règles d'évolution purement locales. Selon les auteurs du modèle FHP, ce dernier est capable de reproduire des comportements non-linéaires de manière bien plus précise que les équations de Navier-Stockes, qui constituent une approximation macroscopique de la dynamique d'un fluide.