Dans une telle implantation d'un système d'équations de réaction-diffusion,
les différentes variables vont correspondre aux concentrations des espèces
en présence. Comme dans notre modèle de Gaz sur Réseau réactif, la dynamique
élémentaire est constituée à chaque pas de temps d'une étape de diffusion et
d'une étape de réaction. La diffusion de chaque espèce est réalisée de manière indépendante,
et se base sur le modèle par différences finies décrit dans notre
deuxième partie ("Modèles de diffusion"). Les réactions entre espèces
vont être à l'origine du couplage entre variables : les fonctions multi-variables
de réaction , qui interviennent dans l'équation (III-1), représentent
en l'état les accroissements de concentrations
à prendre
en compte pour chaque espèce , à chaque pas de temps. Par ailleurs, notons
qu'à une échelle microscopique, des modèles de Gaz sur Réseau couplés (avec plusieurs
constituants réactifs) ont été introduits selon des principes assez proches [Dab91].
Ce modèle est légèrement modifié afin de pouvoir intervenir sur la pondération relative
des réactions par rapport à la diffusion - nous avons déjà évoqué l'importance
des effets relatifs entre les deux phénomènes. Les accroissements réactifs de concentration
sont ainsi tous multipliés par un unique facteur , qui sera fixé expérimentalement
pour chaque modèle de manière à contrôler efficacement l' échelle des structures aléatoires générées.
En effet, les coefficients de diffusion relatifs autorisés par notre modèle sont compris entre
0 et 1, ce qui constitue un intervalle assez réduit. De plus, il semble préférable d'utiliser des
valeurs élevées pour ces coefficients de diffusion afin d'assurer une bonne propagation
des variations de concentration à travers l'espace, compte tenu de sa discrétisation.
Indirectement, le paramètre permet donc d'intervenir sur la diffusion; en augmentant la
force des réactions, il est également possible de réduire l'importance de la diffusion.
A trois dimensions, des volumes de données très importants ont en général à être traités
par un réseau d'applications couplées. A titre indicatif, un domaine cubique
de
voxels requiert de mémoire dans le cas d'un
modèle à deux variables (); un tel espace doit être actualisé à chaque itération.
Il s'avère dès lors indispensable d'optimiser le processus itératif élémentaire
qui est appliqué à chaque voxel [Decker98b]. La procédure à adopter concernant l'étape de diffusion a déjà
été présentée (chapitre II-1). L'étape de réaction peut être optimisée plus classiquement
en détectant les termes communs aux différentes fonctions ou encore par la
mise en facteur de termes. Egalement dans le but de réduire les temps de calculs, nous
avons développé une version parallèle de notre logiciel de simulation. Le domaine
à traiter y est simplement découpé en tranches égales réparties sur les
différents processeurs d'un calculateur IBM-SP2 à mémoire distribuée. Ce
type de parallélisme est dit "à gros grain". Les communications
entre processeurs (basées sur le standard MPI) consistent uniquement en des
échanges synchrones des frontières bidimensionnelles entre sous-domaines. Pour ce
programme parallèle, l'efficacité mesurée est de lorsque 8 processeurs
sont utilisés : cette valeur traduit la diminution relative de performance par rapport à
un temps d'exécution qui serait idéalement divisé par 8. Au total, la puissance
de calcul du programme parallèle peut atteindre près de (milliard d'instructions
flottantes par seconde), ce qui correspond à millions de concentrations traitées à chaque seconde,
ou encore à environ une itération par seconde pour une simulation d'un modèle à deux espèces
dans un domaine de voxels. La complexité des fonctions de réaction
peut évidemment altérer ces performances; cependant, l'étape de diffusion représente les
deux-tiers du temps de calcul pour les modèles implantés.